mercredi 18 novembre 2009

Mali: Segou - Kalabougou

Bon, allez, c'est l'heure d'embarquer si on veut arriver à temps pour la brûlure, kesako? on verra sur place.
On monte dans la pirogue, et nous remontons le fleuve: ilots de joncs, nénuphars en boutons, pêcheurs posant des filets, oiseaux innombrables. On remonte l'eau en jouissant de cette nature débonnaire.






















































Arrivés au village, on se hâte vers la place centrale. Dans un dédale de ruelles serpentant entre les maisons en torchis, on voit les différentes étapes de fabrication.
Jeunes enfants dès 5 ans qui broient la terre
Jeunes adolescentes qui préparent les différents ingrédients (sable, paille, terre cuite broyée, terre fraiche....)
Femmes adultes qui fabriquent les pots selon la technique ancestrale du colombin, impressionnantes de dextérité.
Femmes âgées qui broient la pulpe d'un fruit servant au refroidissement afin de durcir et colorer le pot cuit.















































Une fois séchés à l'ombre puis au soleil, direction la brûlure pour les cuire.
Sur la place, 2 gigantesques brasiers viennent d'être allumés et cuiront les poteries enfouies sous la paille. Les femmes s'affairent à entretenir ce brasier dans les relents de fumée et de chaleur.
En fin de journée on assiste à la sortie des pots tirés un à un de la fournaise avec des perches crochetées. Ils sont trempés dans un mélange d'eau et de pulpe de fruit afin de durcir et colorer le pot cuit. Durée de l'opération: 3mn par pot, tout est réglé au mm. Toutes ces femmes de 5 à 95 ans s’affairent ainsi toute la journée, les hommes sont aux champs ou à la pêche.
Un pot de 70 cm de haut par 30 de diamètre est vendu ici 1500 CFA; en France sous l'étiquette Commerce Equitable on le retrouve à 100 euros. Ousman cherche encore l'erreur.
Ce fut donc pour nous l'occasion de lui parler du prix du lait en France, de celui auquel il est acheté aux paysans et revendu aux consommateurs.


































































































Ousman nous parle du coton africain que les producteurs voulaient vendre plus cher, les grossistes occidentaux leur ont dit: plus cher? NTM, garde ton coton. Résultat, il a pourri sur les quais d'Abidjan et les paysans ont cessé leurs revendications.
Ousman a des rêves plein la tête, mais il a compris qu'il fallait avant changer le monde (hasard? Che Guevara est bien présent sur les boutiques, les murs, les affiches). Ousman dit "Le Che c'est la révolution pour le bien de tous".
Et puis on a causé du mirage occidental, des conditions de travail et de vie des africains en France, du chômage, des sans papiers, des sdf, des pauvres, des jeunes diplômés payés au smic à vendre des pizzas, des prix qui flambent et des salaires qui bougent pas.
Suite à cette conversation, Ousman comprend mieux pourquoi les toubabs qui viennent ici comptent leurs dépenses sur un calepin et font attention aux prix.
Il a réalisé qu'on avait bien plus que lui, mais infiniment moins que ce qu'il imaginait.
Et puis il a parlé de sa grand-mère qui l'a élevé, choyé, éduqué, surveillé et qu'il n'imagine pas voir mourir un jour (elle a 82 ans) et que ce jour là il ne sait pas comment il fera, mais que là, son projet est de créer un village de vacances avec verdure, salle de sport, confort et écologie; et dont tous les employés seraient des femmes, des veuves, des orphelins. Il nous montre son projet écrit sur un cahier d'écolier, il a le terrain, il cherche des bailleurs.
On lui a conseillé d'étoffer ce projet en y adjoignant un comptable et un gestionnaire pour qu'il ait une chance d'aboutir. Il a déclaré avec gravité qu'il allait réfléchir à cette idée.
Nous nous sommes quittés après avoir fini notre maxi bouteille de bière (1/2l) et hélas le mini fanta de Sylvie (25 cl).
La nuit était noire, la fraicheur soufflait du fleuve, Ousman avait gagné 5000 CFA et nous on avait passé une excellente journée. Nous retournons vers notre restaurant dont le patron est Qualifié en Restauration depuis 2002, certificat à l'appui, pour manger un riz-sauce et une banane plantain, une bière et un jus de pomme pétillant.




Aucun commentaire: