mardi 3 novembre 2009

Mali: le désert

Au matin, après le petit dej, Massa, notre guide Touareg, vient nous chercher. Nous grimpons sur les chameaux, la première fois est inoubliable. Et en avant à travers le désert!
En fait ce ne sont que les Portes du Désert, une bande de sable de 250km de large, avec une végétation régulière évoquant beaucoup la savane. Le vrai désert, c'est après, bien trop loin pour l'atteindre en 3 jours.

Juchés sur la selle, les pieds sur le cou de l'animal, on avance en tanguant à 2m au dessus du sol. 
Les dunes se succèdent aux dunes.

 























On arrive à un campement touareg. Avant le repas, pendant le thé, présentation de l'artisanat touareg. Coussins en cuir de chameaux, rapiécés et colorés à qui mieux mieux; colliers, pendentifs et bracelets en argent touareg (un peu d'argent, beaucoup de nickel). Parures avec des "agates" de diverses couleurs, pierres semi-précieuses polies, os de gazelle et dents de chameau. On fait notre choix, celui-ci effectué, le marchandage commence. Le prix annoncé est aligné sur les tarifs de la Place Vendôme. Celui qu'on propose l'est sur la pacotille made in china. Après 1h de tractations, on tombe sur un prix convenant aux deux parties.
On peut maintenant déguster un riz au lait de chamelle avec agneau grillé, accompagné de dates séchées et de cacahuètes.
La tente où nous sommes est en bois et fibre végétale tressée. C'est le campement fixe. Celui itinérant, pour les 30j menant aux mines de sel, est en cuir de chameau. Les caravanes progressent que de nuit, se guidant aux étoiles. Je lui montre une boussole, il n'a jamais vu ni entendu parler d'un tel ustensile.
Je tente de lui en expliquer le principe, mais son français rudimentaire ne lui permet pas la compréhension du magnétisme. Il continuera, comme ses ancêtres à suivre la carte du ciel. 
L'après midi commence en jouant avec les enfants: prises de photos les mettant en transe, jeux de cour de récréation qui les font se tordre de rire, puis on poursuit cahin -caha et nous enfonçons d'avantage dans le désert

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Caracolant sur les dunes, chèche au vent, mon âme poétique me fait chanter à tue tête des chansons adaptées aux circonstances:

C'est un fameux chameau
Fier comme un oiseau
Hisse et Ho, mon beau chameau
Inch Allah toujours droit devant
Nous irons jusqu'au campement
Tiens bon la selle et tiens bon la bride
Hisse et Ho.....

j'enchaine ensuite sur
J'ai 2 chameaux dans le désert
2 chameaux blancs, tachés de gris
Pour les guider, une cravache en cuir
S'il me fallait les vendre
J'aimerais mieux me pendre...

Lorsque je clame la célébrissime
La fille du Bédouin
Se branlait dans un coin
Avec une banane
Et moi dans l'autre coin
Je bandais comme un âne

Là, Sylvie me somme de puiser mon inspiration dans des rengaines plus softs, et surtout d'arrêter de gueuler à plein gosier avec une voix de vendeur à la criée. Massa est tordu de rire, il parait que j'ai la fièvre du désert.
Pour la fièvre, je ne sais pas, mais merci Massa pour les épices à midi: je re-pisse rouge alors que je sors de 10j de bactrim.... Ca va être une partie de plaisir pour ma vessie jusqu'au retour à Tombouctou.
A la nuit, campement chez les indigènes, très peu avenants. On engloutis le repas, et dodo. Roulés dans le sac a viande, direct sur la natte. Si le sable est doux à fouler, quand tu te couche dessus, c'est dur comme la pierre. Peu importe, on roupille comme des bienheureux sous la cahute touareg.
Après un déjeuner sommaire, il faut récupérer les chameaux. Bien qu'entravés, ils pérégrinent toute la nuit à petits pas. Et de petit pas en petit pas, ils ont vite fait de faire 2 ou 3km. Va retrouver un chameau dans cette étendue ! Une heure à suivre leurs pistes, pour les retrouver broutant avec régal un buisson aux épines de 3cm. A chaque halte, c'est le même cirque. Pourquoi le chamelier ne les attache pas? mystère... Il doit aimer se compliquer la vie.
Juchés sur nos bestiaux, on avance d'un pas sénatorial. On croise quelques rares oiseaux, dont un aigle, des scarabées par milliers et des fennecs qui détalent à notre vue.
A midi, bivouac sur une dune. Le vent souffle sans discontinuer, c'est le seul bruit dans cette immensité. Surgit de nulle part, un vieux amène une cruche de lait de chamelle caillé. C'est frais, onctueux, aigrelet: on s'en pourlèche les babines.
On ne bouge pas de la dune, car au delà du sable, le sol est couvert d'herbe "a cram-cram". Les cram-crams, ce sont des petites sphères hérissées de piquants. Ca s'accroche à tout: vêtement, peau, chaussures; ça s'infiltre à l'intérieur des habits, les épines se cassent une fois fichées dans la chair. Tu mets le pied au sol, t'en as pour 1/2 h a t'épiler les échardes. Seuls ilots presque indemnes de cram-cram: les dunes et les abords des tentes touaregs.
Les touaregs vivent dans le dénuement le plus total: une tente, une natte, quelques casseroles, une théière, des verres à thé, des cuillères en bois (ils ne mangent pas avec les mains). Chaque famille vit isolée avec quelques chèvres et 2 ou 3 ânes et les chameaux. Malgré (ou à cause) de notre présence, ils ne causent guère.
Passer 3 jours et 2 nuits avec le vent et le soleil et un guide quasi muet, c'est l'ascèse la plus totale. D’autant que les conditions d'hébergement sont plus que spartiates (nous ne nous laverons pas de tout le périple). La vie des nomades, c'est pas cool. Mais bon, ils n'en changeraient pour rien au monde.
Retour à Tombouctou sous un ciel maussade. Je pousse encore quelques gaillardes chansonnettes et stimule ma monture à coup de Oud Oud gutturaux.
A l’hôtel, Ali nous attend: il a réservé un taxi brousse pour Douentza, puis 2 places de bus pour Mopti. 30 000 CFA le voyage, plus les suppléments pour les bagages. Reste à savoir combien on sera dans la voiture: il y a 400 bornes de piste.
Après le repas, un imposant touareg vient lier connaissance. Papotages divers avant d'annoncer la couleur. Il est chef de caravane (et moi Roi Soleil) et avant de partir en expédition, il veut se faire quelque argent pour payer son thé et son tabac. Il nous sort quelques bijoux (les mêmes que partout) et rajoute sa pipe, son couteau, son turban, sa bourse en cuir..... il ne garde que le boubou
De tout son étal, une seule pièce me fait tilter: un pendentif ciselé que m'offre Sylvie. Comme d'habitude, il annonce un prix astronomique et on discute 3/4h pour arriver à un prix plus convenable.




2 commentaires:

Unknown a dit…

Bonjour, les choses ont changé tellement

Unknown a dit…

Bonjour, les choses ont changé tellement