jeudi 22 janvier 2009

Cuba: Bayamo (12e jour)

A la gare routière, le fils de Ramon nous attend (le réseau Betty a fonctionné à donf !). Pas le choix, va donc pour la casa de Ramon.
Un cylco taxi nous y emmène, le pauvre sue par tous le spores. Il a pas volé ses 3 cuc.
Illico arrivés, on nous fait un repas pantagruélique.


Ce matin le soleil est de retour à Bayamo.
Au lever, Ramon est très ennuyé : en fait il n’est pas Ramon, seulement un ami de Ramon. Et comme il vient de réaliser qu’on reste plusieurs nuits, il ne peut pas nous garder car il a une réservation de touristes arrivant ce soir. On devra donc aller chez le vrai Ramon.
On en profite pour causer des excursions possibles dans la Sierra Maestra.
Pour 100 cuc, un taxi puis une jeeep peuvent nous emmener au campement de Fidel durant la guerre. Vu le prix, on fait signe que c’est pas possible.
Pas possible, en cubain, se traduit par « on va trouver une autre solution ».
Direction chez Ramon.
Un gars très sympa avec sa femme Margarita. Le seul souci est qu’il ne parle que 2 mots d’english et basta.
Une fois les formalités remplies (enregistrement de nos visas, négociation du prix de la chambre et des repas) on explique notre projet d’excursion. Pour 30 cuc il nous fait visiter le jardin botanique à mi flanc de la Sierra Maestra.
Mmmouais, 3 cactus et 2 palmiers ça vaut pas 30 cuc.
On va essayer, en ville, de trouver une autre combine.
Le centre ville est un véritable musée post moderne : poteaux électriques entourés de simili canettes compressées, mini squares  avec céramiques, bancs design et pergolas audacieuses, façades peintes et tutti quanti.
Magnifique, mais incongru dans ce trou au milieu de nulle part. On va de ci, de là, flânant nonchalamment dans les ruelles, avec l’objectif de trouver d’ici ce soir une possibilité d’excursion dans la Sierra à un tarif acceptable.
Au gré des pérégrinations et sur indication du GDR, on va Casa de la Trova car un serveur y parle français.
On tombe au milieu d’un groupe italien du 3e age auquel un orchestre local joue quelques airs cubains (les inévitables Commandante et  Chan Chan, et autres salsas). Les mamies mouillent la culotte !
Une fois ce troupeau parti, on reste seuls à déguster un jus de fruit mouillé à volonté de rhum.
Le serveur parlant français est absent, mais il y a un interprète franco-anglais-allemand-hollandais qui nous tient la conversation. L’occasion pour lui de parfaire son français, celle pour nous de glaner quelques renseignements.
Pour la Sierra Maestra, c’est râpé hors les circuits officiels à 100 cuc.
En revanche, pour le jardin botanique, qui manifestement est spectaculaire (je fais amende honorable pour mon jugement hâtif de ce matin) il y a la solution du bus local à 6 pesos (soit 120 fois moins cher que ce que proposait Ramon).













































On va donc à la station de bus locaux. Elle est à côté de la gare. Devant celle-ci, une horde de carioles et de vélo-taxis crée une animation à laquelle on était guère habitués.
Une fois à la station de bus, on se renseigne : c’est pas une mince affaire de dialoguer avec les natifs ! finalement on comprend qu’il y a 1 bus à 13h, pour le retour faudra voir sur place. Ca va être épique !
Repas tellement copieux que je n’ai pas pu finir.
Ce soir Ramon sort la Lada modèle 1960 et nous emmène faire un tour de Bayamo. En fait sont but est d’aller voir un mécano pour que celui-ci vienne réparer sa barre de direction.
La Lada de Ramon est tunée à mort : gros ventilo sur le tableau de bord, néon au plafond, MP3 raccordé sur l’autoradio, velours vert sur les sièges et tableau de bord/intérieur des portes en contre-plaqué laqué imitation ronce de noyer. On va aller danser le MIA !
Passage devant la Caverne locale avec 4 statues des Beattles à l’entrée (à Cuba on entend les Beattles partout), visite du nouveau quartier pour les travailleurs étrangers, le boulevard périphérique, la polyclinique, l’école militaire. La totale quoi !

























On va à la gare routière pour cubains, espérant prendre le bus pour Guiza où se trouve le jardin botanique.
On nous indique qu’il faut attendre dans un coin où sont massés environ 100 cubains. Au bout d’une ½ heure on comprend le truc. En fait cette foule agglutinée est régentée par le principe de la queue : chacun sait qui est devant lui et qui est derrière lui. Lorsqu’on réalise le truc, on est dans les 10 derniers à s’identifier dans cette queue.
Le bus arrive :  chacun se présente selon son ordre d’arrivée dans la queue. Les 50 premiers sont assis, les 30 suivants debout, en poussant et tassant il en rentre 15 de plus, mais pour les 5 derniers (dont nous) dans le cul la balayette.
Un cubain nous fait signe qu’il va y avoir un camion. Là on se fait pas baiser, on prend la queue illico.
Cette fois on est identifiés comme étant n°6 et 7 de la queue. On peut vaquer librement, lorsque le camion arrivera, n°8 attendra qu’on monte pour se présenter à son tour.
A Cuba il y a 3 sortes de camions pour transporter les gens :
le camion benne : les premiers montés s’assoient par terre contre les ridelles, les autres restent debout au milieu.
Le camion blindé : un container en fer percé de meurtrières pour respirer. Avantage sur le précédent, on est protégé de la poussière.
Le camion bâché : plus aéré que le précédent. Dedans, 6 rangées de bancs où on s’assoit serrés comme des anchois ; entre les bancs, les derniers arrivés se serrent debout.
C’est ce dernier moyen de transport qu’on prend sur 40km.
Arrivés à Guiza, on apprend que le parc botanique est à 4 km de la ville. On part sous un soleil d’enfer et une fois arrivés, on découvre que 4km c’est la distance pour arriver à l’intersection qui mène au parc. Il y a 2 bornes de plus ! Suants et essoufflés on arrive enfin au parc : celui-ci est fermé ! Oh putain, tout ça pour ça….
Aller hop, il est 4h30, la nuit tombe dans une heure, on repart.

















Sur la route on s’arrête à un abri stop-camion et on attend que l’un deux s’arrête. Une demi-heure après c’est bon. Cette fois on est au cul du camion : lorsque quelqu’un veut descendre, il me fait signe, je presse alors une sonnette, le chauffeur s’arrête, le cubain descend, et on repart….
Au bout de 20km il y en a suffisamment de descendus pour qu’on puisse s’assoir. On voit alors que les paniers des voyageurs sont remplis de manière hétéroclite : mangues, oranges, cochon de lait et pigeons vivants (l’un dans un panier les autres dans des boites à chaussure) bric et broc, tout et n’importe quoi.
On se rentre à la casa pile poile à la nuit.
Ramon me prête son ordi : je rédige ainsi le 1er épisode de nos tribulations et l’envoi aux enfants et amis.
Ensuite on discute. La conversation démarre sur notre prochaine destination  (Santiago) pour demain.
Ramon explique, la moue dégoûtée, qu’à Santiago il y a « muy negros ». D’une affaire à l’autre sa femme nous explique qu’il y a 2 français qui viennent chaque année. Deux hommes, chacun sa chambre, habillés « normale ». et puis, la 2e année, « es transformado » : voilà que l’un deux déboule un beau matin avec un paréo taillé dans une écharpe pour tout vêtement. Et vas y que Ramon nous montre comment le chicos tortillait du fion pour se déplacer, téléphonait à qui mieux mieux en susurrant du « mi amor » en veux tu en voilà. Là, Ramon explose : « dos moricones en la casa». On est mort de rire avec sa femme. Le comble est atteint lorsqu’on indique à Ramon qu’il a évité le pire, à savoir « dos negros moricones ». Sa tête, devant une telle perspective, vaut le détour !
Il y a beau avoir affiché « solidaridad » sur tous le smurs, y’a encore du chemin à faire sur la voie de la tolérance !
Ensuite on parle des transports. D’après eux, le pire c’est le train. Tu sais quand tu pars, tu sais jamais quand tu arrive.
Avant d’aller se coucher, Margarita nous explique qu’un jour, un des deux français a téléphoné depuis la France. Quand le téléphone sonne, c’est toujours Ramon qui répond. Il entend alors une voix grave lui demandant « je veux parler à Margarita » ; notre Ramon demande de la part de qui, et l’autre de lui dire «  oune admirador ».
Oh putain, la Margarita s’en étrangle encore de rire tandis que le Ramon roule des yeux en beuglant « un admirador… mi culo, un moricon ! »
C’était le français au mini pagne qui venait de lui faire une blague.

Ramon et Margarita nous emmènent au bus (mais ils facturent 3 cuc, c’est comme ça à Cuba). On se quitte, je mime, en papillonnant des cils, toute mon admiration pour Ramon si beau et si viril. Il se marre en faisant tressauter sa bedaine et me gueule « no bisu ! ». Photo souvenir, embrassades et poignées de mains, on est attendus par des amis à lui à Santiago. Vamos, y’en a pour 2h sur une route correcte.













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