Début d'après-midi, on décide d'aller à Segou Kouro, antique cité fondatrice au 17e. Ousmane avise un moto taxi, et négocie le prix 4000 CFA aller-retour (40 km). Le chauffeur est ok, cette course s'intercalant avant la fin du marché, il rentabilise ainsi son temps ordinairement chômé. Au cours des siècles, Ségou a glissé le long du fleuve: Segou Kouro a l'origine, puis 5km plus bas Sebougou et enfin la moderne Segou.
Sur la route, on s'arrête à Sebougou afin d'obtenir la bénédiction du Chef de Village. Le septuagénaire quitte sa sieste et nous accueille. Ousmane, très intimidé, écoute le chef, traduit et rapporte nos réponses avec humilité et forces marques de respect. Le vieux sage explique le besoin en matériels agricoles, la modernité qui balaie la tradition, les 3 épouses et ses 20 enfants... Rien ne se fait ci sans son approbation formelle. Apres une offrande de 500 CFA et sa bénédiction en retour, Ousmane conclue que désormais la suite de la visite se passera sous les meilleurs auspices. Arrivés au site antique, le chef de village, descendant du conquérant Coulibaly (17e) nous fait les salutations d'usage. L’offrande est à 2000 CFA plus 1000 pour le villageois désigné pour nous escorter.
Visite du palais royal: une suite de chambres aboutissant à la salle du trône. Les armures et costumes d'époque sont dans un musée en cours de construction, on devra se contenter de leur description sommaire. Ensuite on flâne dans les ruelles, accompagné d'une ribambelle de gosses quémandant des photos. A chaque prise de vue, c'est la joie générale.
On progresse parmi les ruelles, et on tombe sur la grande mosquée puis la plus petite, bien plus ancienne. Avant de rentrer, on s'égare dans le dédale des ruelles. Le taximan commence de s'énerver car on perd du temps, et il va arriver trop tard après la fin du marché, après les affaires.
Retour à tombeau ouvert jusqu'à ce qu'il retrouve d'autres clients sur la route. Ces apports financiers le rassérène et il conduit plus détendu sur la deuxième partie du parcours.
Pour cette dernière soirée avec Ousman, nous l'invitons à manger. Il nous conduit dans une gargote pompeusement nommée "Chez Vattel". Au menu, 1/2 poulet bicyclette (c'est le poulet qui courre dans les champs) avec riz et sauce ragout. Le tout noyé dans un coca de bon aloi et un litre d'eau fraiche au pichet, vite potabilisée par une pastille idoine.
Après manger, on s'éternise à expliquer à Ousman le mode de vie français. Décalage culturel garanti... C'est aussi le moment de lui dire qu'avant de monter son projet ambitieux d'hébergement écologique, il pourrait plus raisonnablement monter un hébergement pour touristes dans la maison familiale. L'idée le séduit, mais les complications inhérentes à l'organisation de l'affaire semblent l'accabler; affaire à suivre.
On termine la soirée dans un cabaret "chez mama africa" ou officie un trio a l'orchestre et 3 chanteurs qui se relaient. Son adonf, accords approximatifs, voix poussives; des compositions en bambara, des reprises (massacrées) de standards et de pseudo reggae. La bière est tiédasse, l'atmosphère froide, soirée médiocre.
On se quitte avec forces effusions et promettons à Ousman de l'aider, via internet, afin de continuer à monter son dossier pour une guest-house.
Au matin, on va à la gare routière s'occuper de trouver un bus allant à Djenné.
Le bus part avec 1h de retard et file comme une flèche sur une route rectiligne, 6h d'affilée. L'ambiance dans le bus est comme d'habitude: grosses mamas entourées de sacs, hommes emmitouflés dans des anoraks (40° tout de même), climatisation rudimentaire: un trou dans le toit. Une gamine de 3 ans régente sa fratrie et sa mère avec caprices sur caprices. Son jeu favori est de mâchouiller une pomme et de cracher sa bouchée à la tête des voisins. La famille trouve ca comique, moi beaucoup moins: à la première régurgitation en ma direction, elle entend la suite, et au ton employé se le tiendra définitivement pour dit.
Sa mère la tenant assise contre la fenêtre, en plein soleil, en 1h la gosse est déshydratée et hurle sa pépie. Le temps de comprendre le problème, la gamine est a 2 doigts de la syncope. Intervention d'une mama qui ordonne à la mère de faire boire la petite: cette dernière ingurgite 1/2l d'un trait. Instantanément elle va beaucoup mieux.
On avance a travers la savane, parsemée de maquis d'arbustes d'où émerge parfois un baobab. Des villages à l'architecture particulière sont parsemés le long du cordon ombilical routier.
Les derniers 20 km se font sur une piste. La poussière envahit le bus, colle aux muqueuses et s'attache aux vêtements. On est largués à la nuit tombante à un grand carrefour menant à Djenné. Nous nous acquittons de la taxe touristique au douanier local (2000 CFA). Montée dans un taxi brousse (3000 plus 1000 pour les bagages) et direction le fleuve à 25km. La piste est constellée d'ornières. Nous traversons des rizières à perte de vue. Arrivés au bac, embarquement. Le capitaine surnommé Mama Africa, est un allumé de première. De l'autre coté du fleuve, encore 6 à 7km de piste défoncée. Nous roulons à la lueur d'un seul phare éclairant poussivement le devant de la calandre.
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